Le Conseil national du Syndicat national des
enseignants chercheurs hospitalo-universitaires
(SNECHU) dénonce « la situation d’échec et de
blocage total dans laquelle nous ont confinés
nos autorités de tutelle de la Santé
et de l’Enseignement supérieur ».
Cette « dénonciation », le Conseil national
l’a consacrée dans un communiqué
sanctionnant la session extraordinaire
qu’il a tenue avec ses représentants
des différentes facultés en sciences médicales
du pays, le dimanche dernier à l’hôpital Mustapha.
« En effet, peut-on, sans verser dans la
naïveté béate, continuer à croire aux promesses
sans lendemain et espérer la prise en charge
de dossiers en discussion depuis plus de
trois ans ? » interrogent-ils dans le communiqué.
Des dossiers, comme celui des chefferies
d’unités, de la régularité des concours, de la
décision de l’ouverture ou de la fermeture d’un
service par la CCHUN (Commission nationale
de coordination hospitalo-universitaire)
« pour ne citer que ceux-là », disent-ils, et dont
aucun, selon eux, « n’a connu jusqu’à ce jour
son épilogue ». Ils interrogent encore « peuton
accepter qu’un concours aussi prestigieux
pour une université que celui de professeur
chef de service hospitalo-universitaire soit organisé
d’une manière aussi cacophonique et
avec autant d’amateurisme ? ». Amateurisme
qu’ils entrevoient à travers « les multiples listes
des postes ouverts au concours, la défaillance
de l’information, ouverture et fermeture de
services dans l’opacité la plus totale… ».
Ils continuent d’interroger « que peut-on dire
de deux tutelles qui n’arrivent pas, pour des
raisons que nous peinons à comprendre, à
s’asseoir autour d’une table pour trouver des
solutions à des problèmes et des dossiers relevant
de leurs départements respectifs ? »
« Peut-on, au moment où l’on prône le règlement
des conflits par la concertation et le dialogue,
accepter que nos autorités de tutelle
dont la vertu essentielle reste la roublardise,
continuent à voir le partenaire social, faute
d’avoir réussi à l’amadouer ou l’apprivoiser,
comme un adversaire à neutraliser ? » « Peuton
accepter qu’un ministre ne daigne pas recevoir
des enseignants universitaires alors que
le feu couve dans son département ? »
Ils esquissent alors une première réponse à
toutes ces interrogations. « Le Conseil national
du syndicat des enseignants chercheurs
hospitalo-universitaires a décidé à l’unanimité
de ses membres d’user de tous les moyens
que lui confère la loi, notamment le recours à
la grève des soins et de l’enseignement en
sciences médicales, pour emmener les autorités
de tutelle à se départir de cette attitude
de mépris et d’autoritarisme d’un autre siècle,
afin de trouver des solutions urgentes à
des problèmes qui n’ont que trop duré », affirment-
ils dans leur communiqué.
« ON NE VEUT PLUS
QU’ON NOUS MÉPRISE ! »
« Oui, nous comptons déposer la semaine
prochaine un préavis de grève pour dénoncer
et protester contre tout cela, en premier,
le mépris affiché par le ministre de la Santé,
Abdelaziz Ziari, qui, selon lui, ne voit pas
d’utilité de recevoir des professeurs en médecine,
on ne veut plus qu’on nous méprise !
», nous déclare avec une grande amertume
le professeur Nacer Djidjeli, président du
SNECHU que nous avons contacté hier. Le
ministre de l’Enseignement supérieur et de
la Recherche scientifique est blâmé, lui, pour,
nous dit le Pr Djidjeli, « avoir refusé de nous
remettre le compte rendu de la réunion que
nous avons eue avec lui le mois dernier ».
Notre interlocuteur nous fait savoir que « Rachid
Haraoubia ne veut plus nous voir ni
nous faire recevoir par ses collaborateurs ».
Le professeur recentre les questions et affirme
que « le point le plus litigieux qui nous
pousse au dépôt d’un préavis de grève est
que les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires
négocient depuis trois ans la tenue des concours des chefferies d’unités et chefferies
de services que gèrent les deux ministères,
c’est une véritable galère ». Il pense que
« depuis que le droit de regard y a été accordé
au ministère de l’Enseignement supérieur, tous
les dossiers ont été gelés, ça n’a pas bougé
d’un iota ». Le Pr Djidjeli met les pieds dans le
plat et dénonce « c’est une véritable cacophonie
entre les deux ministères, ils ne s’entendent
pas entre eux et ils nous le font payer ».
Première revendication du SNECHU, « on ne
veut plus dépendre du ministère de l’Enseignement
supérieur », demande son président.
Revendication qui, si elle arrive à être « entendue
», clarifiera bien de situations au niveau
du secteur de la Santé. « Nous demandons
alors l’amendement des statuts pour que le
ministère de la Santé soit notre seule tutelle
», nous explique Djidjeli. Parce qu’ajouteil
encore « les deux ministères réunis ne peuvent
pas gérer ou régler ne serait-ce qu’un
seul dossier ». Le Pr Djidjeli qui est chef de
service pédiatrie à l’hôpital de Belfort (Alger)
affirme sans hésiter que « ce bicéphalisme
est un problème qui mine notre profession,
les deux ministres eux-mêmes le reconnaissent
mais rien n’est fait, on est malmené
comme une balle de ping-pong ».
« OUVREZ-LE ! »
Sur sa lancée, il dénonce énergiquement la
fermeture du service de réanimation de l’hôpital
Beni Messous. Poste à propos duquel on
avance dans les milieux hospitaliers algérois
notamment que « Haraoubia veut garder pour
son frère et que le président du syndicat le
veut pour un de ses amis ». Mais, nous explique
un des maîtres de conférences A, « le frère
de Haraoubia est maître de conférences de
la catégorie B et non A, il n’y a pas droit ».
Notre interlocuteur est un parmi les maîtres
de conférences A que nous avons rencontrés
hier et qui nous ont dit qu’ils n’adhéraient pas
totalement aux doléances du syndicat qu’ils
accusent de « vouloir accaparer les postes à
ses seuls membres ». Ils reprochent même à
certains de ses membres « de garder des postes
pendant 3 ou 4 mandats et ont une mainmise
totale sur les oeuvre sociales ».
L’on susurre qu’ « une commission d’enquête
pourrait être lancée pour voir ce qui s’y passe
de près et pour savoir en même temps qu’en
est-il devenu de la coopérative immobilière
de Bouzaréah ». L’on relance en outre « le pourquoi
du comment des élections, il y a près de
45 jours, des membres du Comité scientifique
durant lesquelles les membres du syndicat
ont envahi le bureau, les élections doivent
être en principe refaites ». Ceux qui pensent à
« tout ça », tiennent à garder l’anonymat pour
ne pas, disent-ils, « développer les animosités
et les aversions au niveau des CHU et entre
les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires,
déjà que ça plombe nos relations et
notre travail, on ne va pas y rajouter ». Le Pr
Djidjeli rebondit sur ces accusations et répond
« on me donne trop d’importance et trop de
pouvoirs pour que je puisse distribuer des
postes, mais il faut d’abord que tout le monde
sache qu’à partir de 16h, les malades de
Beni Messous sont évacués vers d’autres hôpitaux
parce qu’il n’y a pas de service de réanimation,
c’est très grave ! » Il lance alors :
« Haraoubia peut le donner à qui il veut, à son
frère, à lui-même s’il veut, mais il faut que le
service soit rouvert… » Il insiste : « Ouvrez-le ! »
Les maîtres assistants, maîtres de conférences
et professeurs, membres du syndicat et initiateurs
du préavis de grève, se promettent de tenir à
partir de la semaine prochaine des réunions d’information
et de sensibilisation à travers l’ensemble
du territoire national. Le Pr Djidjeli nous
annonce au passage que le SNECHU se réunira
ce jeudi avec le directeur des structures
de santé au niveau du ministère.
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Source : El-annabi.com