Le Maroc a réceptionné jeudi quatre des 24 avions de chasse
de type F-16 bloc 50-52 construits par l’avionneur américain
Lockheed Martin.
Dans la soirée, une grande réception
a été organisée à Marrakech,
en présence du général Margaret
Woodward, commandant du 17th Air
Force et du U.S. Air Forces Africa, qui
a participé à une conférence de presse
aux côtés de l’ambassadeur des
Etats-Unis à Rabat, Samuel Kaplan,
sur la livraison des F-16 aux Forces
armées marocaines. Arrivés dans la
base aérienne de Benguerrir, ces appareils
ont été négociés dès 2005 et
le contrat de vente conclu en 2008,
après moult péripéties. Cette commande
est intervenue en 2008, après
l’échec des négociations avec le français
Dassault pour son Rafale. A l’époque,
c’était en 2005, l’ex-chef de gouvernement
Dominique de Villepin
avait lui-même pesé sur les négociations
après une visite éclair à Oujda.
C’est le 13 décembre 2005, lors d’une
visite privée à Paris, que le roi du
Maroc Mohammed VI évoque à l’Élysée,
avec Jacques Chirac en personne,
son intérêt pour des avions d’armes
français. Il les veut adaptés à son
armée de l’air et cite le monoréacteur.
Mais le Maroc fait d’abord une commande
de modèles d’occasion, en
vingt-quatre exemplaires, du Mirage
2000. Entretemps, les négociations
tardent côté français. Ce n’est que le
11 juillet 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy et sur sa décision personnelle,
que la France proposera finalement
de financer totalement (ou
presque) l’achat de Rafale et non plus
des Mirage 2000 par le Maroc, avec
des prêts remboursables sur de longues
années à des conditions “amicales”,
qui n’ont pas été détaillées.
L’offre repose classiquement sur des
prêts bancaires cautionnés par la Coface,
elle-même garantie par le Trésor
public : en cas de défaillance du
client, c’est le contribuable français
qui paye… Dès lors que le crédit garanti
par l’État est accordé, la Délégation
générale pour l’armement
(DGA) profite de l’aubaine pour charger
la barque, faisant fulminer Dassault.
Et d’ajouter une offre complémentaire
portant sur des frégates et
des hélicoptères EC725. La facture va
grimper à 3 milliards d’euros.
Pour les Marocains, pressés d’acquérir
ces avions, même si leurs finances
ne le permettent pas, il est trop
tard : ils et se tournent vers les Américains,
qui ont fait une meilleure offre :
24 appareils de type F-16 bloc 50-52
à 2,4 milliards de dollars, avec une
aide financière de l’Arabie Saoudite.
Pour les Français, c’est un grand
couac à verser dans le dossier noir du
Rafale. C’est en juillet 2007 en fait
que les Américains remportent le contrat
en battant sur le fil les Français
en faisant une meilleure offre : 24 appareils
à 2,4 milliard de dollars
contre 18 Rafale pour 3 milliard
d’euros proposés par la France.
Début 2008, un porte-parole du constructeur
aéronautique américain Lockheed
Martin annonce que les premières
livraisons (de F-16) devraient
intervenir en 2011, après avoir annoncé
également que le Maroc a officialisé
sa commande de 24 appareils
de chasse. Le montant total du contrat
était de 2,4 milliards de dollars,
la totalité de la somme n’allant pas
cependant au constructeur.
D’autres sociétés sont associées au
contrat, et fourniront des équipements,
des pièces détachées ou assureront
la formation de techniciens. Les
appareils marocains ont été montés
à Fort Worth (Texas) et sont arrivés
jeudi directement au Maroc par air à
partir de cette base du Texas. Officiellement,
l’acquisition par le Maroc de ces
F-16 s’insère dans le cadre de la stratégie
visant à la modernisation et à l’équipement
des Forces armées marocaines.
Pourtant, le Maroc a entamé les discussions
pour l’achat de ces avions
avec la France en 2005, lors d’une
visite à Paris du Roi Mohammed VI,
au moment où l’Algérie avait annoncé
la modernisation de sa flotte et
l’acquisition d’appareils de nouvelle
génération. Le programme militaire
marocain ne fait que confirmer la volonté
de Rabat de se suréquiper.
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Source : Le Quotidien d'Oran